Dans le domaine de la sculpture sur bois, l’art de l’ornemaniste est à la fois le plus discret et le plus exigeant. Les cadres, les portes, les fenêtres, les panneaux doivent correspondre au millimètre près à ce que l’on en attend. La restauration d’une statue, d’un meuble ou d’une boiserie peut aussi nécessiter la reconstitution minutieuse des parties manquantes.
Jean Renouvel sut faire de ce métier un véritable sacerdoce. Précis jusqu’à l’excellence, méticuleux jusqu’à l’obstination, il pouvait consacrer des heures entières à la restitution d’un détail : moulure, angelot, tête d’animal…
Originaire d’un village de Normandie, il aimait contempler la splendeur de la nature, la couleur des bois, les reflets de la rivière, pour s’en imprégner. Il était arrivé à Paris tout jeune, comme apprenti, avec des moyens très modestes. Là, il n’eut de cesse de suivre les conseils des anciens de chez Jansen : se rendre à l’Opéra, à la Comédie-Française, dans les musées afin d’y observer la splendeur des murs, des plafonds et des sculptures.
Cette immersion patrimoniale fit de lui un grand professionnel qui œuvra au service de nombreux châteaux et hôtels particuliers. C’est ainsi qu’il travailla sur le boudoir de Marie-Antoinette au Petit Trianon à Versailles.
L’élève qu’il a formé, seul dans son atelier, lui succède aujourd’hui. Les ornemanistes étaient 3000 avant la guerre, ils ne sont plus qu’une poignée à Paris.