L’étrange terme « glyptique » vient d’un mot grec à la consonance rugueuse : « gluptikos ». Il évoque bien entendu l’art de la pierre mais ne s’applique qu’aux petits volumes comme les sceaux, les bijoux, les camées. Ce savoir-faire extrêmement rare a été la grande passion de Claude Delhief qui pratiquait l’intaille et la gravure des pierres fines, précieuses ou ornementales.
Élève puis professeur à l’École des Beaux-Arts – où il enseignait la perspective - le maître était persuadé que les rencontres forment les hommes bien plus que les techniques. Une réalité particulièrement vraie pour les artistes et qu’il a lui-même expérimentée. Fils et petit-fils de peintre, Claude Delhief eut le privilège de côtoyer les plus grands : Paul Belmondo lui enseigna la sculpture, André Derain et Maurice Vlaminck fréquentaient son père. Il fut ensuite le disciple de René Lalique et de François-Félicien Favrat, choisissant la pierre comme univers. Il eut pour ami Giacometti et pour modèle Henry Moore.
Nourri de ces rencontres fécondes, le glypticien déploya à son tour patience et douceur envers ses élèves. Très engagé dans la sauvegarde des métiers d’art, il accueillit de nombreux jeunes au sein de son atelier parisien. Le sculpteur travaillait pour les maisons de la haute joaillerie et pour les particuliers : portraits sur camées, bijoux somptueux où se marient les matières précieuses, sculptures sur marbre de Carrare rehaussées de bronze poli ou mat. Il cherchait à imiter la nature en gravant, polissant, usant la pierre comme la vague ou le vent érodent le minéral.