Jean Girel, Maître d’art avec qui Emmanuel Boos a fait son apprentissage, lui a dit un jour qu’il ne devrait pas y avoir d’essai en émail ou que tout essai devrait chaque fois être pensé comme une pièce finie. Quand l'Elève a enfin saisi ce qui paraissait une gageure, il a compris que la richesse de l’émail résidait justement dans ce qu’on n’en savait pas encore, de la surprise, de l’accident. Ces surprises de l’émail sont un défi à l’entendement du scientifique et à la pratique de l’artisan mais pour Emmanuel Boos, c’est comme émerveillement et choc esthétique, ellles ont le pouvoir de toucher et d’émouvoir.
Sa pratique artistique de l’émail n’aspire pas à la maîtrise ou à la domination. Il n’a pas ces ambitions et ne souhaite pas devenir un “potier jaloux” comme l’a décrit Claude Lévi-Strauss. Emmanuel Boos souhaite se couler dans l’émail, développer une relation amicale avec le chaos et risquer cette confiance faite au hasard et à l’aléatoire. Cette pratique n’est pas une science ni même tout à fait un artisanat. Elle est au mieux de l’ordre de l’intimité. Elle est émotion, sensualité et poésie.
Au travers ses œuvres, le céramiste tente de bousculer la hiérarchie « hylo-morphique » qui privilégie la forme sur la matière et ses formes sont au mieux des prétextes, voire des non-formes comme le seraient châssis et toile d’un tableau. Les œuvres qu'il créé souhaitent susciter une forme de contemplation esthétique, sensible de la matière de l’émail. Parfois aussi la poésie m’ennuie: il se joue alors des supports et les souhaite déroutants, impertinents. Ses œuvres deviennent jeu et aspirent à une forme de révolte..Et dans l’irrespect, l’indiscipline et la provocation, l’émail retrouve son véritable être poétique.